POEME ECRIT
PAR BRIGITTE LAUGIER

Au commencement, j’ai aimé la chanteuse
Tes refrains entraînants, ta voix chaleureuse.
Puis j'ai été captivée par ton histoire
Où chaque combat prend des airs de victoire.
Quand l'espoir brille au plus fort de l'orage
Pour exalter la force et le courage.
Née à l'ombre d'un olivier séculaire,
Dans une cité plusieurs fois millénaire
Tu grandis sur la terre de tes Ancêtres,
Quand la barbarie fauchait des millions d’Etres.
Fille de pionniers, de bâtisseurs rêveurs,
Sergent-chef d'une armée de héros, de sauveurs.
Tu y gagnes aussi tes galons d’artiste
Chanteuse mais à l'origine pianiste.
Vedette d'une comédie musicale,
Tu as pourtant quitté ta terre natale,
Pour réaliser un doux rêve d'enfance,
Sûre de toi, de ton talent, de ta chance.
Des années terribles, juste de quoi manger,
Une petite chambre mansardée pour loger.
Tu ne renonces pas et forces le destin,
Une porte s’ouvre enfin un beau matin.
Premiers disques, premiers succès populaires,
Des tours de chants sur des scènes légendaires.
Le public est conquis, ta carrière est lancée.
Nul ne peut t'arrêter après cette percée.
Puis une route glissante, un bruit strident
Au sortir d'un virage, ce fût l'accident.
Personne n'imagina te revoir debout.
Tu vas te battre et y croire jusqu'au bout,
Et quelques mois plus tard tu renais à la vie.
Avec plus de force et encore plus d'envie,
Dans un corset de fer qui t'emprisonne,
Tu chantes à l'Olympia qui  t'ovationne.
Tu porteras ta gaité, ta joie de vivre,
Dans plusieurs langues et dans celle du Livre,
Et offriras sur scène avec tout ton cœur
Des moments de rêve, des instants de bonheur.
En plus de remonter le moral des troupes,
Tu as essayé de guider leurs chaloupes,
Vers des rivages plus justes et plus humains
Où les hommes peuvent encore tendre leurs mains.
Sans jamais t'inquiéter pour ta notoriété,
Tu dénonças les maux de la société,
Forte  de ton expérience personnelle,
De cours en médecine traditionnelle.
Tes livres militant pour une vie saine
Te consacrèrent dans un autre domaine.
Tu pulvérisas tous les records d'édition
Et tes énergiques prises de position
Convainquirent bon nombre de lecteurs,
Qui comprirent vite où étaient les menteurs.
Car tu as dû faire face aux railleries,
Aux accusations et même aux plaidoiries.
Cette bataille-là, tu l'as gagnée aussi.
Retour à la scène et retour réussi,
Tu fêtes tes cinquante ans de carrière,
Des airs claquant au vent comme une bannière.
Cependant l'horizon s'obscurcit tout à coup,
De la patience il va t’en falloir beaucoup,
Mais comme l'espérance à toujours raison,
Les rires reviendront égayer ta maison.
Outre ta destinée, j'ai été fascinée
Par celle de la nation qui t'a façonnée.
Seul témoin de l'histoire de l'humanité
Et lumière du monde pour l'éternité,
Elle a instauré les lois fondamentales,
Socle des sociétés occidentales.
Ses enfants furent des figures notoires
Qui marquèrent l'Histoire et les mémoires,
En œuvrant tous et chacun dans son domaine
Pour améliorer la condition humaine.
Rien pourtant ne leur aura été épargné.
En étant le bouc émissaire désigné,
Ils ont subi les pires maux de la terre,
Le froid de l'exil, les affres de la guerre.
Malgré toute la fureur de la tempête,
Ils ont réussi à redresser la tête,
Décidés à reprendre leur destin en main,
Pour ôter de leur cœur la peur du lendemain.
Ils se tournèrent vers la ville lumière
Pour que s'accomplisse enfin leur prière,
De vivre en peuple libre sur leur terre.
Sans relâche, bravant foudre et tonnerre,
Ils construisirent à la sueur de leurs fronts,
L'Etat-nation qui balaya tous les affronts.
Ils payèrent au prix fort des sols arides,
Battus par les vents et des chaleurs torrides.
Ils ont appris les métiers jadis interdits,
La langue des prophètes et des érudits.
Ils ont dompté le désert, les marécages,
Creusé des sillons en servant d'attelages.
Leur vaillance opéra bien des prodiges.
Les graines semées firent de belles tiges,
Et l'on vit alors fleurir un monde nouveau,
Qui éleva l'homme à son meilleur niveau.
Des visionnaires, de grands idéalistes
Pensèrent les villages collectivistes,
Comme fers de lance et premiers défenseurs
D’une société enfin sans oppresseurs.
Administrée par des principes d'équité,
Consignés au tout début de l’antiquité,
Où chacun est responsable de son frère,
Qu'il soit fort, fragile ou dans la misère
Avec la déclaration d'indépendance,
Ils entonnèrent un chant de délivrance
Et envoyèrent à toute l'humanité
Un message de Paix et de Fraternité.
Ils eurent en réponse des cris de guerre,
Promettant de les jeter hors de leur terre.
Impossible n'est pas un mot hébraïque,
Ils menèrent une lutte héroïque,
Avec l'aide du ciel, envers et contre tout,
Au milieu des nations ils se tiennent debout.
Ils méritent au vrai le plus bel hommage.
Tu leur ressembles, tu es à leur image.
Ils t'ont transmis ce profond respect de la vie,
Une soif de savoir rarement assouvie. 
Cette foi inébranlable en l'avenir,
L'attachement aux racines, au souvenir.
Tu héritas de leur tempérament bouillant,
De leur humour et de leur esprit pétillant.
Précieux alliés d'une volonté farouche
Pour riposter à la moindre escarmouche.
Ils t'ont donné en plus cette grandeur d'âme,
Véritable sceau d'une très grande Dame.
Tu devins leur première ambassadrice
Qui apporta sa pierre à l'édifice.
Chaque fois qu'un danger se profila au loin,
Ou que tes frères se trouvaient dans le besoin.
La Providence me fit croiser ton chemin.
Par ce divin cadeau déposé dans ma main,
J'ai découvert un monde différent du mien.
Dès lors se tissa cet indéfectible lien
Qui ne cessa de s'accroître avec le temps,
Apportant avec lui un éternel printemps.
Ce fut un réel bonheur que d'étudier
L'histoire de ce peuple si singulier,
Sa culture d'une infinie richesse,
La langue du Livre et de la promesse.
Les principes de vie donnés à ses pères,
Afin que tous les hommes vivent en frères.
Chaque moment fut un rayon de soleil
Et reste un éveil de l'esprit sans pareil.
Pour tous ces sujets, j'eus droit à l'excellence.
Plus qu'une enseignante, une référence
Dans l'art de nous transmettre sa connaissance
Et sa passion pour sa terre de naissance.
J’ai côtoyé au sein de la communauté
Une famille d’une très grande beauté.
Heureuse de donner sans jamais demander,
Capable de conseiller sans réprimander,
Elle fut l'artisan de ma situation,
Me faisant confiance sans hésitation.
Je garde à tout jamais au fond de mon cœur,
Le souvenir intact de ce grand bâtisseur,
Ainsi qu'une tendresse particulière
Envers cette éternelle écolière.
J'ai croisé des gens profondément attachants,
A de belles fêtes ou des soirées de chants.
J'y compte en sus des amis véritables
Qui sont autant de trésors inestimables.
J'ai connu dans le club des fans formidables.
On partagea des moments inoubliables,
Des spectacles à la chaude ambiance.
A nos épopées remplies d'insouciance,
Pour venir t'applaudir durant une tournée,
Que tu chantes le soir ou bien en matinée,
J'y ai rencontré un amour de jeunesse
Avec un garçon plein de délicatesse.
Puis l'homme des bois impétueux, rebelle
Qui troqua le pays de la mirabelle
Contre celui des truffes et des morilles,
Pour devenir le père de mes deux filles.
Là ne s'arrêta pas ta contribution.
Tes livres furent une révélation
Sur l'absolue et urgente nécessité,
De se battre pour une autre vérité.
Respectueuse de tous les êtres vivants,
De la terre que nous semons pour nos enfants,
J'ai pour toi une vive admiration,
Un attachement débordant d'affection
Et une reconnaissance éternelle,
Pour avoir guidé mes pas, en sentinelle
Vers des chemins bordés de rires et de fleurs,
Où l'on prend conscience des plus nobles valeurs.
Tu as été le commencement, l'aurore.
Je te dois tout cela et bien plus encore.
J'ai à jamais des souvenirs plein la tête,
Des soirs de première, des repas de fête,
Le partage à trois d'un gâteau moelleux,
Ces gestes amicaux, ces mots affectueux,
Quelques mots en hébreu sur mon livre de cours,
Les galas militants et tes poignants discours,
L'hommage à Golda, ce chant à capella,
Tes remerciements parce que nous sommes là.
Oui tu as dans les yeux cette étincelle
Qui vient des cieux et rend la vie plus belle.