Nous
voici en 1970: Rika vient d'enregistrer ce qui sera son nouveau tube
"Balapapa". Elle a enregistré ce titre allongée,
un micro au-dessus d'elle, en une seule prise. Elle a aussi
troqué sa coquille de plâtre pour un corset de fer
pour réapprendre à marcher, elle se sent
maladroite mais quel bonheur que ses premiers pas, aussi douloureux
soient-ils, qui lui annoncent qu'un jour elle remontera sur une
scène ! Car elle y tient, et c'est sa force : à
la date prévue, elle fera son Olympia. Mais tout d'abord
elle va faire sa rentrée à la
télé le 22 février 1970 au cours d'un
Télé-dimanche exceptionnel, où elle
n'interprétera pas moins de 6 chansons! Elle est venue et
repartie en ambulance à la maison de la radio, et sur le
plateau entre chaque chanson, elle devait retourner
s'allonger car elle ne pouvait pas rester debout plus de dix minutes.
Sa rentrée est saluée par la presse qui souligne
le grand courage de Rika. Elle fait même la une de plusieurs
quotidiens et hebdomadaires pour cette occasion (voir presse 1970). Un
mois plus tard, Rika est à l'affiche de l'Olympia
du 25.03 au 05.04. Son spectacle : elle l'a
répété, couchée sur son lit
de convalescence. S'accrochant à son courage et à
sa volonté, elle le travaille tous les jours,
entourée de ses musiciens, et plus que jamais, elle est
décidée de conjurer le sort... Et le 25 mars,
soir de la première, elle est de nouveau prête
à affronter les néons de la rampe. Dans la salle,
le Tout- Paris n'est venue que pour elle, il l'attend, avec au fond du
coeur, une pointe d'anxiété, qui
disparaît bientôt pour laisser place à
un tonnerre d'applaudissements . Rika est rayonnante, pourtant sous sa
tunique galonnée d'argent se dissimule un corset de fer et
de cuir d'une dizaine de kilo, qui lui retire toute souplesse
corporelle. A la fin de la dernière chanson, son public se
lève pour l'acclamer et des visages se couvriront de larmes,
côté salle, comme côté
coulisse. En terme de métier, Rika fait un tabac durant son
passage a l'Olympia.
Après un peu de
repos mérité, Rika
reprendra la route pour des tournées à travers
toute la France et l'Europe, car elle est demandée en
Espagne, en Begique,en Italie, en Hollande... Elle reprend aussi les
chemins des
studios pour enregistrer de nouvelles chansons, qui seront
couronnées de succès comme "Tante Agathe", "Moi
le dimanche", "Les jolies cartes postales"... En 1971, du
09 au 21
mars, Rika se produit de nouveau à l'Olympia, et comme
Jacques Brel l'a fait pour elle, Rika aime prendre de nouveaux talents
pour assurer la première partie de ses spectacles.
Si en
1970 c'est David Alexandre Winter, pour cet Olympia, Rika fait appel à
Thierry Le
Luron
et Jean-François Michaël. Côté
télé, si Rika est "oubliée"
volontairement des Carpentiers, Guy Lux, Danielle Gilbert,
Jacques Martin, Mick Micheyl et le jeune Michel Drucker qui
débute, se font un plaisir de l'inviter très
régulièrement. En 1972, elle fera de nouveau
l'Olympia en vedette, avec Demis Roussos en première
partie, du 01 au 12 septembre, un spectacle qui sera
endeuillé pour
Rika, quand elle apprendra la mort des 9 athlètes
israéliens aux jeux olympiques de Munich, et le soir
étant incapable de chanter, elle se fera remplacer
par
Serge
Lama. En 1972, Rika reçoit la médaille de
chevalier des arts, sciences et lettres.
Olympia
70 avec David-Alexandre Winter
Olympia
72
Avec
Guy Lux
Rika est toujours une
vedette
très populaire au coeur de ces années 70 et
tourne beaucoup à travers la France, plus de 200 jours par
an, ce qu'il lui permet de rester dans le coeur des gens. Ses
disques
marchent bien : "Les beaux jours", "Le paradis c'est ça",
"Les mariés de l'été", "C'est
ça la France", "Ma poupée de France" (qui fera
l'objet d'une véritable poupée
vendue dans le
commerce, et, où tous les bénéfices
iront aux enfants handicapés de l'hôpital de
Garches)... Et surtout "Sans chemise, sans pantalon", air folklorique
ramené lors d'un de ses voyages à Tahiti
et qui
sera un immense succès en 1975. Rika recevra le 15
février 1976, le ring d'argent, dans "Ring Parade" la
célèbre émission de Guy Lux. Le 26
février 1976, Rika est décorée de la
médaille de chevalier de l'ordre artistique au
même titre que Danielle Darrieux, Pierre Tchernia, Jean
Cazeneuve et Jean-Pierre Darras; cette récompense lui est
remise à l'Olympia par Bruno Coquatrix. Fin 1976, plus
exactement à partir du 16 décembre, Rika doit se
produire au Palais des congrès, dans un show à
l'américaine, totalement différent des autres
spectacles qu'avait fait Rika auparavant, mais malheureusement, une
grave dépression nerveuse, due à la fatigue
accumulée durant toutes ces années, aux
régimes amaigrissants et au travail d'arrache-pied, parfois
jusqu'a vingt heures par jour pour la préparation de ce
show, font qu'elle est obligée d'annuler ce spectacle, et
elle se retrouve dans une maison de repos en Suisse, où elle
se débat avec ses cauchemars. La médecine
naturelle sera encore pour beaucoup cette fois ci dans sa
guérison, ce qui lui donnera l'envie d'écrire un
livre à ce sujet. Pour l'instant, Rika reprend sa vie
d'artiste, sort
"Super skate", "Aba-nibi" et "Alléluia", qui
la ramène dans les hit-parades, mais les années
80 arrivent, et avec elles une pléiade de nouveaux artistes,
ce qui fait que les radios (bientôt libres),
laisseront petit
à petit de côté, les artistes comme
Rika, issus des années 60/70, ce qui donnera au
cours de cette décennie un bien triste inventaire: Dave;
Patrick Juvet et d'autres seront dans le creux de la vague; Sheila
dégoûtée par tout ce système
fera ses adieux à l'Olympia; Chantal Goya sera
sacrifiée sur l'autel du "Jeu de la
vérité", Dalida gagnée par la
lassitude et la solitude, préférera le sommeil
éternel... Et la liste pourrait continuer encore. Rika,
elle, se séparera, après un dernier disque :
"Tout va très bien", en 1983, de sa maison de disque
Philips, et arrêtera toutes activités artistiques
pour se consacrer à l'écriture d'un livre sur les
bienfaits de la médecine naturelle qui fera d'elle, en 1985,
la recordwoman de l'édition.